Souvent présentée comme une alternative aux smartphones, la montre connectée pour enfants figure parmi les tendances émergentes de cette rentrée 2018. La CNIL rappelle les points de vigilance concernant la vie privée des enfants.
En 2018, 32 millions de montres seront mises en circulation dans le monde, essentiellement sur le marché asiatique. Selon le cabinet CCS Insights, les montres pour enfants représenteraient déjà près de la moitié du marché mondial de la montre connectée !
Leurs fonctionnalités :
- Communiquer avec l’enfant (messagerie, téléphone), voire recevoir un SOS, grâce à une carte SIM intégrée.
- Savoir précisément où est situé l’enfant, avec une alerte s’il s’écarte du chemin de l’école ou d’une zone déterminée, grâce à un dispositif de type GPS.
- Mesurer en temps réel la santé de l’enfant, grâce à des capteurs (rythme cardiaque).
- Encourager l’enfant à faire du sport, à se dépenser, grâce à un traceur (tracker) d’activité (nombre de pas).
- Divertir l’enfant avec des fonctions de prise de photo, des jeux et des applications (météo).
Quelles questions se poser (en famille) ?
1 Mesurer les avantages pratiques tout en ayant à l’esprit les risques en cas d’abus
Cet objet connecté est souvent présenté par les constructeurs comme un moyen de s’assurer en temps réel que l’enfant ne se trouve pas dans une situation anormale. Les indicateurs physiologiques, sociaux ou spatiaux au vert permettraient de rassurer les parents qui laisseraient ainsi davantage d’autonomie à leur enfant.
Mais l’usage déraisonné d’une montre connectée avec un enfant peut aussi avoir pour conséquence notamment de :
- Limiter sa capacité à apprendre par lui-même et à mesurer les risques : ex. anticiper un danger à la place de l’enfant si des indicateurs sont négatifs.
- S’introduire excessivement dans son intimité sociale ou corporelle : ex. surveiller la manière dont son enfant interagit sur la cours de récréation, ou comment il se comporte en classe ou lors d’un examen,
- Affecter le rapport de confiance et le dialogue qu’il entretient avec ses parents : ex. créer un sentiment de surveillance 24/24h qui incite l’enfant à s’autocensurer,
- Associer la protection de sa vie privée à un sentiment de culpabilité « Pourquoi tu refuses que je te filme ? Tu as quelque chose à te reprocher ?
2 Adapter ses besoins pour minimiser les impacts sur la vie privée de l’enfant
Pour tenir au mieux compte de l’impact sur la vie privée de l’enfant, il est nécessaire d’évaluer les fonctionnalités proposées par rapport aux besoins et aux risques :
- La géolocalisation en temps réel est très intrusive et présente des risques importants si des personnes malveillantes la détournent. Dès lors, est-il possible de désactiver la géolocalisation lorsqu’elle n’est pas utile ou souhaitable ? Une simple montre communicante ne serait-elle pas suffisante ?
- La possibilité de communiquer directement avec l’enfant peut également être détournée par un tiers. Le type de canal proposé répond-il au besoin avec une sécurité suffisante ? Un simple téléphone est-il plus adapté ?
- Si l’usage est surtout lié à l’activité sportive, une communication à distance en temps réel est-elle nécessaire ? Un simple « traceur d’activité » pourrait-il suffire ?
En résumé, il faut faire attention aux produits « tout en un » qui collectent beaucoup de données sur les enfants (et leurs parents) sans nécessairement répondre à un besoin réel.
3 Parler avec son enfant dès lors que sa vie privée est impactée
Dans un avis datant de 2011, le groupe des CNIL européennes a tenu à rappeler qu’« il ne devrait jamais arriver que, pour des raisons de sécurité, les enfants soient confrontés à une surveillance excessive limitant leur autonomie » et ce, même par des personnes de leur entourage familial. Au demeurant, si les parents estiment que l’utilisation d’une telle application est justifiée dans des circonstances spécifiques, « les enfants doivent en être informés et doivent pouvoir participer, dès que cela s'avère raisonnablement possible, à la décision d’utiliser une telle application ».
Montres connectées à l’école : que dit la loi ?
La loi du 3 aout 2018 prévoit que, sauf circonstances particulières, l’utilisation d’un smartphone par un élève est interdite à l’intérieur d’une école maternelle ou élémentaire, et d’un collège. Cette interdiction peut également s’appliquer à une montre connectée dès lors qu’elle dispose des mêmes capacités de communication qu’un smartphone (ex. carte SIM, connexion à un réseau WiFi, etc.).
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Quels conseils avant d’acheter ?
S’informer avant d’éventuellement acheter un tel dispositif :
- Méfiance sur les montres à bas coût !
Un jouet connecté proposé à faible coût peut faire passer la vie privée au second plan et proposer des solutions techniques peu ou mal sécurisées.
Consultez notre infographie sur les problèmes de sécurité qui peuvent se poser.
- Transparence sur les données collectées et leur hébergement
Les conditions d’utilisations sont-elles en français et compréhensibles ? Les données sont-elles réutilisées à d’autres fins ou transmises à des partenaires ? Les données sont-elles hébergées en Europe ou dans un pays tiers moins disant en matière de protection des données ? Existe-t-il des coordonnées ou une adresse de contact du fabricant pour exercer ses droits concernant les données personnelles ?
- La sécurité avant tout
Peut-on contrôler les données collectées, désactiver certaines fonctions comme la géolocalisation ? Peut-on protéger l’accès à l’appareil et aux services associés (application mobile, site web) grâce à un mot de passe solide ou un mode d’authentification complémentaire ?
- En cas de doute, préférez un achat physique auprès de vendeurs spécialisés en mesure de vous faire tester et de vous conseiller techniquement. Consultez également les bancs d’essais proposés par les associations de consommateurs, les commentaires des internautes dans les magasins d’application et plus largement les forums d’utilisateurs.
Article extrait du site de la CNIL, le 8 octobre 2018. Voir le lien ci-après. https://www.cnil.fr/fr/montres-connectees-pour-enfants-quels-enjeux-pour-leur-vie-privee