Date de publication : 10 septembre 2018
EXISTE-T-IL DES TÊTES À POUX ?
Oui, mais l’on ignore pourquoi. Les études en conditions expérimentales montrent que le type de cheveux, le sexe ou l’âge n’ont pas d’influence dans le choix d’un hôte par le pou. Et l’idée qu’il serait attiré par les têtes sales a depuis longtemps été démentie. En pratique, force est de constater que les infestations concernent surtout les 4-12 ans et au moins trois filles pour un garçon. Un surrisque avant tout comportemental, les poux se transmettant dans l’immense majorité des cas par contact direct, tête à tête. Or, les enfants se contaminent en jouant et plus encore les petites filles qui ont tendance à être tactiles, s’échanger élastiques et barrettes. Signe des temps, une étude anglaise a même montré que la prise de selfie favorisait la transmission.
LES TRAITEMENTS PRÉVENTIFS FONCTIONNENT-ILS ?
Hélas non. Il n’existe pas de produits capables de prévenir une infestation, l’unique solution étant d’intervenir a posteriori. Pourtant, les produits cosmétiques revendiquant une action préventive ne manquent pas. Sur leur emballage, on trouve des phrases génériques du type « crée un environnement défavorable aux poux » ou « aide à prévenir toute infestation ». Ils sont généralement à base d’alcool, d’huiles essentielles ou minérales et s’avèrent onéreux bien qu'il n'y ait aucune preuve de leur efficacité. Cela n'a donc pas de sens de les acheter. De plus, les marques créent souvent de la confusion en vendant sous le même nom de gamme des traitements performants et des produits préventifs sans aucune efficacité.
FAUT-IL TRAITER L’ENVIRONNEMENT ?
Avant tout par précaution, car on ne possède pas de données sérieuses démontrant que la désinfection des objets personnels ou de la maison réduit les réinfestations.
Pour le parasite, la tête est une niche écologique à laquelle ses pattes sont parfaitement adaptées. À l’inverse, sur une surface lisse et même des vêtements, il ne se montre pas du tout à l’aise ! Et si le pou est un coriace capable de survivre 12 h sans air, loin d’une tête fertile, il a tendance à se déshydrater et dépérir rapidement. De même, les lentes n’éclosent pas à température ambiante.
En période de contamination, mieux vaut éviter de s’échanger élastiques, bonnet ou casque. À la maison, on peut procéder à un léger nettoyage dans les deux jours qui suivent le repérage des parasites : vêtements, draps et doudous doivent être lavés à plus de 60° et bien séchés. On peut aussi mettre les affaires dans un sac bien fermé pendant 3 ou 4 jours pour affamer et asphyxier les poux. En revanche, les produits insecticides, qu’ils soient naturels ou de synthèse, sont inutiles. De plus, une partie de ces produits utilisent des pyréthrinoïdes. Certains d’entre eux (perméthrine, deltaméthrine, cyperméthrine) sont suspectés d’être des perturbateurs endocriniens.
QUAND ET COMBIEN DE FOIS TRAITER ?
Le plus important est de traiter tous les cas en même temps car le décalage entre les traitements est la plus grande cause de recontamination. Un produit vraiment efficace devrait éradiquer 100 % des poux et 100 % des lentes en une seule application. Dans la réalité, à cause du produit en lui-même (exemple : les insecticides sont moins efficaces sur les lentes que sur les poux) ou en raison d’un usage imparfait (temps d’application trop court ou produit mal réparti sur la chevelure), ce n’est pas toujours le cas. Pour être sûr de ne pas voir les lentes éclore et le cycle infernal reprendre, mieux vaut donc retraiter. Combien de temps après le premier traitement (soit J + 0) doit être fait le second ? Le débat demeure. Un second traitement à J + 10 devrait éliminer toutes les lentes survivantes et écloses entre-temps. A contrario, traiter à J + 7 aide à ne pas oublier le second traitement, qui retombe le même jour de la semaine. Certains auteurs arguent que, dans le choix de J + 7, un troisième traitement à J + 14 devient nécessaire.
LES TRAITEMENTS NATURELS SONT-IL SANS DANGER ?
De plus en plus de produits à base d’huiles essentielles (lavande, ylang-ylang, prunus, arbre à thé, géranium, clou de girofle…) revendiquent une action répulsive sur les poux. Ces produits sont certes à base d’agents naturels mais présentent les mêmes inconvénients que tous produits à base d’huiles essentielles, à savoir un risque d’allergie, d’intolérance cutanée et un éventuel caractère perturbateur endocrinien. Ils ne doivent pas être utilisés chez les enfants de moins de trois ans et, par précaution, les femmes enceintes et allaitantes devraient les éviter.
QUE PENSER DES TRAITEMENTS ANTIPOUX MAISON ?
Ils sont à manier avec précaution ! Les recettes de grand-mère ne manquent pas : mayonnaise, huile d’olive, margarine, gel épais pour les cheveux et même gelée de pétrole. En théorie, l’application d’une épaisse couche de ces produits, qu’on laisse reposer pendant la nuit sur les cheveux et le cuir chevelu, agit comme les étouffeurs (voir encadré) en bloquant les stigmates des poux. Cependant, il n’existe pas de données publiées sur l’efficacité et l’innocuité de ces remèdes maison. Enfin, certains comme l’essence ou le kérosène, sont carrément inflammables, toxiques et dangereux. À éviter absolument !
QUID DU PEIGNE ?
Utilisé depuis 2 000 ans, le peigne est très efficace pour détecter les parasites mais suffit rarement à éradiquer les poux à lui seul. Il présente l’avantage d’être absolument sans danger quoique pas toujours indolore ! On l’utilisera de préférence sur cheveux humides et sur une surface blanche (bac en faïence, feuille de papier) pour bien distinguer les poux et lentes tombés de la tête. Attention, l’opération demande un outil adapté. Préférez aux petits peignes en plastique peu solides fournis avec les traitements antipoux un peigne en métal avec moins d’1 mm entre les dents. Armé de patience et d’un bon coup de main, il est parfois possible d’éradiquer les poux en passant le peigne tous les trois à quatre jours pendant deux semaines. Avec, sans surprise, de meilleurs résultats sur les cheveux courts et lisses d’un enfant conciliant.
POURQUOI ÇA NE MARCHE PAS ?
Même si certains traitements tuent 100 % des poux et 100 % des lentes en condition de laboratoire et parfois même en une application, aucun produit ne peut hélas se vanter d’être 100 % efficace en conditions réelles d’usage. Et les causes d’échec sont souvent multiples. Pour les déterminer, le délai passé depuis le traitement est à prendre en compte. Si 2 jours après le traitement, on trouve encore des poux en examinant la chevelure, on peut soupçonner une résistance aux insecticides, de plus en plus fréquente, ce qui peut arriver en cas d’usage de produits à base de malathion ou de dérivés du pyrèthre (toutes les substances dont le nom se termine en « thrine »).
La présence de poux à 12 jours malgré un traitement bien suivi résultera plus probablement d’une réinfestation suite à un contact avec une personne infestée. La première cause d’échec des traitements est en effet la recontamination. D’où l’importance de traiter toutes les personnes infestées au même moment !
Mais l’échec peut aussi être dû à un mésusage du produit traitant. Il faut notamment s’assurer que la durée d’application a été respectée, que le renouvellement du traitement – quand il est nécessaire et donc indiqué dans la notice – a été effectué, ou encore que la forme utilisée a été appropriée. À ce titre, on privilégiera les lotions aux shampoings car leur temps de pose est généralement plus long. Il faut aussi contrôler que le produit a été appliqué en quantité suffisante et sur toute la chevelure. Les poux colonisent en général une zone allant de la racine des cheveux jusqu’à environ 3 cm, restant près de la tête nourricière qu’ils piquent pour se gorger de sang deux fois par jour. Mais en cas d’infestation sévère, ils peuvent s’aventurer bien plus loin le long des cheveux. Par prudence, on traitera donc de la racine à la pointe.
TROIS FAMILLES DE PRODUITS TRAITANTS
L’efficacité de ces produits traitants a été évaluée par une étude du service de pharmacologie de l’université de Tours, dont les résultats ont été publiés en 2015.
Les insecticides neurotoxiques
Très populaires il y a 20 ans, ils agissent au niveau du système nerveux des poux mais ont quasiment disparu du marché en raison du développement de résistances. Il existe deux familles : les dérivés du pyrèthre (toutes les substances au nom se terminant en « thrine ») et les organophosphorés, dont un seul membre – le malathion – reste en vente (Prioderm). Les poux, qui ont muté, y sont moins sensibles. Ces produits sont certes moins toxiques que d’autres, mais pas sans risque (irritations, brûlures…).
Précaution. Attention aux produits contenant des pyréthrinoïdes. Certains (perméthrine, deltaméthrine, cyperméthrine) sont suspectés d’être des perturbateurs endocriniens.
Les « étouffeurs », sans insecticide
Ils sont à base d’huile végétale (huile de coco, jojoba) ou minérale (dérivés de diméticone, gomme xanthane, paraffine ou polymère de synthèse) et engluent les poux pour les faire suffoquer. Ils ne semblent pas entraîner de résistances. La diméticone et ses dérivés, les plus employés, ont aussi l’avantage d’être bien tolérés. Mais ils sont très inflammables. Prudence, donc !
Précaution. L’étude de l’université de Tours (2015) regrette que certains produits emploient des noms de fantaisie ou imprécis pour désigner leurs substances actives (exemples : biococidine ou oxyphtirine), ce qui limite l’information des patients et des médecins en cas d’un éventuel risque d’allergie.
Les insecticides dits naturels
Certains produits combinent des agents mécaniques naturels (huiles minérales ou végétales) et des substances extraites de plantes censées avoir un effet neurotoxique ou répulsif sur les poux. Il s’agit surtout d’huiles essentielles (lavande, ylang-ylang, géranium, arbre à thé, clou de girofle…), aussi très présentes dans les produits dits « préventifs ».
Précaution. On a peu de données sur leur efficacité et leur toxicité mais ils présentent les mêmes inconvénients que tous produits à base d’huiles essentielles. À savoir un risque d’allergie, d’intolérance cutanée et un éventuel caractère de perturbateur endocrinien. À proscrire pour les enfants de moins de 3 ans et à éviter chez les femmes enceintes ou allaitantes.
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