Date de publication : 01 novembre 2020
En raison de la crise sanitaire liée au Covid-19, le masque est devenu un accessoire incontournable du quotidien. Les masques grand public en tissu sont plus durables et plus économiques sur le long terme que les masques chirurgicaux et les masques FFP2. Il est possible de les réaliser soi-même. Faut-il choisir du coton ou du polyester ? Recycler un t-shirt ou une chemise, est-ce une bonne idée ? Les performances sont-elles toujours au rendez-vous après 10 lavages à 60 °C ? Nous avons voulu nous assurer qu’il est possible de confectionner soi-même des masques en tissu qui répondent aux exigences des masques à usage non sanitaire de catégories 1 et 2 (UNS1 et UNS2) à partir de tissus achetés en mercerie. La respirabilité et l’efficacité de filtration à neuf et après 10 lavages ont été mesurées sur 14 assemblages de 2 couches de tissus. 2 matériaux jetables complètent notre sélection : un mouchoir en papier et une feuille d’essuie-tout.
Confectionner ses masques soi-même, c’est économique, car on peut utiliser des chutes de tissu. La dimension écologique n’est pas en reste : les masques barrières maison sont lavables, ils peuvent servir plusieurs fois, après un passage en machine à 60 °C ou, à défaut, un bon nettoyage à la main. Encore faut-il trouver le bon tissu. Tous ne se valent pas, loin s’en faut. Entre le tissu en maille très extensible et le denim du jean, il y a un monde !
L’étoffe choisie ne doit pas seulement arrêter les gouttelettes susceptibles de véhiculer le virus. Assurer une bonne respirabilité, c’est au moins aussi important pour que le masque soit bien supporté, y compris dans les transports en commun mal ventilés ou pendant les fortes chaleurs. Il faut aussi qu’elle soit assez souple pour épouser les contours du visage, et assez lisse pour ne pas irriter la peau. L’équation n’est pas simple.
Pour aider les particuliers et les industriels dans leur quête du Graal, l’Afnor (association française de normalisation), qui a pendant le confinement diffusé avec succès un patron de masque (1), a précisé au fur et à mesure des évaluations disponibles, les tissus adéquats, conseillant des textiles à la fois serrés et fins.
Pour celles et ceux ignorant si le tissu à leur disposition relevait de ces catégories, l’Afnor recommandait un montage repère composé :
Maintenant qu’il est de nouveau possible d’acheter du tissu en magasin et de faire son choix parmi une grande variété de produits, nous avons testé en laboratoire plusieurs matières textiles pour en avoir le cœur net. Les mesures de filtration et de respirabilité ont été réalisées à neuf, et après 10 lavages. Elles ont ensuite été comparées aux performances des masques barrière à usage non sanitaire vendu dans le commerce. Pour rappel, de catégorie 1, ces derniers filtrent plus de 90 % des particules de 3 microns ; de catégorie 2, ils en arrêtent plus de 70 %.
Filtration |
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Très faible |
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Insuffisante |
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Conforme Afnor Cat 2 |
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Conforme Afnor Cat 1 |
Respirabilité |
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Très faible |
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Faible |
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Conforme |
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Exellente |
Au final, pour être sûr des performances de son masque, le mieux est d’en acheter un arborant le logo officiel « filtration garantie », ou de porter son choix sur un masque chirurgical. Le coût n’est pas le même... À moins que vous n’ajoutiez à votre masque maison un mouchoir en papier déplié. Car, surprise, le Kleenex que nous avions, sans grande illusion, intégré au test, s’en sort avec les honneurs, sur les deux critères d’évaluation ! Si vous avez un doute quant au tissu que vous utilisez pour vos masques, il suffit de prévoir un espace entre les deux épaisseurs pour y glisser un mouchoir pour obtenir une protection suffisante, facilement disponible et peu coûteuse. Il faut néanmoins prévoir de le remplacer régulièrement, car la ouate de cellulose est sensible à l’humidité. Avant l’essai, nous avons assemblé les coupons en deux couches identiques, sauf pour le denim, qu’en raison de son épaisseur nous avons doublé d’un simple coton fin. Les résultats ne sont pas terribles. Deux assemblages seulement donnent des résultats assimilables à ceux d’un masque à usage non sanitaire de catégorie 2, y compris après 10 lavages. Il s’agit d’un tissu en maille piquée type polo, et d’un satin de polyester similaire à de la doublure épaisse. Les jerseys épais ou simples (t-shirts) filtrent très bien, mais ils entravent trop la respiration ! La popeline de coton, le tissu japonais et le denim présentent le même inconvénient.
Afin de confectionner des masques grand public maison, nous avons acheté différents tissus en mercerie, en coton et polyester principalement, contenant parfois de l’élasthanne, de la viscose ou du polyamide.
Nous avons testé en laboratoire des assemblages de 2 couches de tissus afin de déterminer si des masques maison confectionnés avec ces tissus remplissaient les exigences du logo « filtration garantie – testé 10 lavages ».
Pour cela, la respirabilité (résistance respiratoire selon la norme ISO 9237) et leur efficacité de filtration (résistance à la pénétration de particules de 3 µm) ont été évaluées à neuf et après 10 lavages.
Nous avons ajouté des matériaux jetables facilement accessibles : un mouchoir en papier Kleenex et une feuille d’essuie-tout Okay. Matériaux qui peuvent être utilisés comme des filtres (3e couche) ou des masques à part entière selon différents tutoriels vidéo disponibles en ligne.
(1) https://masques-barrieres.afnor.org/home/faire-mon-masquebarriere
Anne-Sophie Stamane
Gabrielle Théry Rédactrice technique
30/07/2020
UFC-Que Choisir