Date de publication : 26 août 2025
Smartphones qui ralentissent après deux ans, lave-linge qui tombe en panne juste après la fin de la garantie, imprimantes qui refusent de fonctionner sans cartouches d’origine… Ces situations, vous les avez probablement déjà vécues. Derrière ces pannes répétées se cache parfois une stratégie industrielle : l’obsolescence programmée. Mais de quoi s’agit-il exactement ? Que dit la loi ? Et surtout, comment agir en tant que consommateur ?
L’obsolescence programmée désigne l’ensemble des techniques utilisées par certains fabricants pour réduire volontairement la durée de vie d’un produit. L’objectif est clair : pousser le consommateur à remplacer un appareil plus rapidement qu’il ne l’aurait fait naturellement. Cela peut prendre plusieurs formes : fragilité des composants, indisponibilité des pièces détachées, mises à jour logicielles qui ralentissent les performances ou encore impossibilité de réparer facilement. Parfois, la manière de procéder est plus insidieuse ; c’est, par exemple, un changement de design ou de couleurs pour rendre un produit “démodé” ou faire un marketing agressif pour convaincre que le produit est obsolète.
Tout le monde a en mémoire un exemple historique : dans les années 1920, les fabricants d’ampoules se sont mis d’accord pour limiter leur durée de vie à 1 000 heures, alors qu’elles pouvaient durer bien plus longtemps.
Récemment, plusieurs affaires ont illustré ce phénomène :
Smartphones ralentis : certains fabricants ont été accusés de réduire les performances via des mises à jour, sous prétexte de préserver la batterie. En 2021, Apple a été condamné à une amende de 25 millions d’euros pour de telles pratiques.
Imprimantes : des modèles se bloquent après un certain nombre d’impressions, ou refusent d’imprimer quand une cartouche est « vide », alors qu’il reste de l’encre.
Électroménager : lave-linges ou réfrigérateurs conçus avec des pièces fragiles ou difficiles d’accès, décourageant toute réparation.
Batteries : des batteries scellées ou non remplaçables dans les ordinateurs portables ou les smartphones, obligeant à changer tout l’appareil quand la batterie faiblit.
La France est l’un des rares pays à avoir légiféré sur ce sujet. Depuis 2015, l’obsolescence programmée est un délit (article L.441-2 du Code de la consommation). Elle est définie comme « l’ensemble des techniques par lesquelles un metteur sur le marché vise à réduire délibérément la durée de vie d’un produit pour en augmenter le taux de remplacement ». Les sanctions peuvent aller jusqu’à 2 ans de prison, 300 000 € d’amende, voire 5 % du chiffre d’affaires moyen annuel de l’entreprise.
De plus, la loi « anti-gaspillage pour une économie circulaire » (AGEC) a introduit, en 2021, l’indice de réparabilité, visible sur de nombreux appareils électroniques, et qui depuis a évolué vers un indice de durabilité.
Le consommateur a le pouvoir d’agir. Pour ce faire, il doit :
S’informer avant d’acheter : consulter l’indice de réparabilité et privilégier les marques qui mettent en avant la longévité et les labels (comme le “Repair Score” ou l’“Écolabel EU”). Éviter les produits “jetables”, préférer les appareils modulaires ou évolutifs.
Allonger la durée de vie : entretenir ses appareils (nettoyage, mises à jour régulières mais réfléchies, remplacement de pièces simples comme la batterie).
Privilégier la réparation : se tourner vers les réparateurs indépendants, les ateliers collaboratifs, ou encore se procurer les pièces détachées disponibles en ligne.
Soutenir le réemploi et l’économie circulaire : en achetant reconditionné, en donnant ou revendant ses produits encore fonctionnels qu’on n’utilise plus ou en les faisant réparer chez un réparateur indépendant ou dans un « repair café ».
Exiger l’application de la garantie : si votre appareil tombe en panne peu après la fin de la garantie, demandez une expertise.
Signaler les pratiques abusives : en cas de suspicion d’obsolescence programmée, vous pouvez alerter la DGCCRF ou des associations de consommateurs.
L’obsolescence programmée est une réalité, mais ce n’est pourtant pas une fatalité. La loi progresse et des alternatives existent. Les consommateurs ont un vrai pouvoir : choisir durable, réparer plutôt que jeter, et dénoncer les abus. Chaque geste compte pour protéger son portefeuille… et la planète.